À l'ombre d'une ruelle - Ft. Nishimura Koichi
Salem Hours :: RP terminés / abandonnés

Samedi après-midi, le meilleur moment de la semaine ! Pour quelle raison ? Eh bien c’était le seul instant où Koichi avait son droit de sortie … Il n’en pouvait plus de respirer l’air pourri de sa chambre d’isolement, de regarder la vie à travers cette fenêtre en se demandant ce qu’aurait pu être sa vie si cette entité malfaisante ne s’était pas ainsi accroché à lui … Si ce n’était pas les démons qui le tourmentaient c’est les humains qui le torturaient … Cela le guérissait soi-disant, son unique espoir de rédemption, baisser les yeux et obéir. Il se sentait comme dans une prison des criminels de guerre alors qu’il était juste né avec un problème mental léger … Il avait juste fallu que la malchance s’attache à lui pour plonger son existence dans un éternel abysse. Malgré cela, le blond continue de sourire, sa joie de vivre il la répand partout où il passe et toutes ces catastrophes ne suffiraient pas à lui arracher sa bonne humeur. Se dirigeant en direction de l’accueil de l’hôpital, le blond fixa la secrétaire qui y était installée et ne prêtait même pas attention à lui. Si au début le jeune homme voulait se faire discret pour ne pas la déranger il finit par perdre patience et racla sa gorge pour faire un peu de bruit. À peine si elle avait fait un mouvement de tête … Le blond se pinça les lèvres décidant simplement de la fixer.

Il passa bien dix minutes ainsi à la regarder sans rien dire avant que, perturbée, la demoiselle se lève pour quitter le bureau … Koichi était maintenant face à une chaise vide qu’il regarda légèrement bouger du mouvement récent qu’il y avait eu … Il voulait juste son autorisation de sortie, rien de plus … Le blond baissa un peu les yeux se demandant s’ils allaient lui retirer pour cette semaine aussi … Il sentit une main s’abattre sur son épaule le faisant légèrement sursauter puis croisa ensuite le regard de son médecin. "Ne t’en fais pas Koichi, tu n’es pas obligé de sortir de ta chambre pour demander une autorisation, nous te connaissons depuis." Le blond opina simplement de la tête et laissa l’homme lui mettre le collier GPS autour du poignet. Ce gadget qui bip en plus d’être désagréable à porter faisait peur aux gens qu’il croisait … Mais il ne pouvait aller contre la volonté de ses bourreaux et s’il voulait sortir de là, valait mieux les écouter … Une fois le bracelet High-tech placé autour de son poignet, le médecin tapota le haut de sa tête en lui faisant un signe vers la sortie. Le patient arbora un sourire radieux tout en remettant en place la hanse de son sac sur son épaule et courant vers la sortie de l’hôpital, il disparut derrière les portes. Il prit une grande inspiration en sortant comme s’il n’avait pas respiré l’air pur depuis des semaines. Sans connaître le programme de la journée, Koichi s’engagea dans la première ruelle et rejoint peu à peu le centre de Tokyo.

Comme c’était à prévoir en arrivant dans la foule, les gens l’évitaient, changeaient de trottoir quand ils étaient du même côté que lui, les mamans éloignaient leur enfant et tout un tas d’autres faits comme ces derniers. Même si cela faisait un peu mal au jeune homme, il ne pouvait pas leur en vouloir, l’inconnu fait peur c’est vrai, même lui était effrayé par ses cauchemars. Ses pas le menèrent jusqu’à une ruelle d’Harajuku où une enseigne attira son attention. Disons que c’est ce qui se passait derrière la vitre de ce magasin qui l’incita à regarder. La curiosité prit le dessus et le blond resta planter devant la vitre à regarder l’intérieur de ce qui semblait être une boutique de tatouage. Koichi n’était pas trop familier avec la mode et tout ce qui s’en rapproche, ce genre de chose le rendait curieux bien évidemment. Un homme s’affairait à ranger le matériel dedans, il avait une allure tout aussi étrange que la sienne en plus sombre. De longs cheveux noirs retombaient sur ses épaules et ses vêtements avaient un style que seuls les gens qui connaissent la mode peuvent porter. Intrigué le jeune homme ne se rendit pas compte qu’il restait planter là à simplement le fixer, de quoi effrayer pas mal de monde … Le patient de l’asile ne se rendait même pas compte qu’avec son comportement, quelqu’un a probablement déjà appelé la police …

Finalement le tatoueur quitta la boutique et la ferma à clé, il était déjà une heure assez avancée de la soirée et Koichi n’aurait plus beaucoup de temps pour profiter de la ville … C’est alors qu’un détail que n’avait pas vu le blond avant attira immédiatement son attention, tous ces dessins sur sa peau étaient relativement impressionnants à regarder ! Pour une personne normale il ne s’agissait que de tatouages, mais pour Koichi c’était tout nouveau, il voulait savoir comment ça marchait et surtout comment il avait fait pour mettre toute cette encre sous sa peau ! Le blond à pic s’avança en direction du tatoueur puis quand ce dernier releva la tête, il se trouva nez à nez avec le patient peu rassurant. "Bonsoir." Lui adressa-t-il. Le plus jeune ne put empêcher un immense sourire face à la politesse de cet homme, c’était bien la première fois qu’une personne agissait avec lui de manière relativement normale, ça lui changeait de l’hôpital. Trop heureux pour répondre, le blond se contenta de sourire bêtement se disant qu’il s’était sans doute fait un nouvel ami. Mais au lieu de cela l’homme continua son chemin, passant à côté de lui pour pouvoir aller tout droit … Peut-être que c’était une invitation à le suivre ! Content de ce scénario, le blond fit demi-tour pour emboîter le pas au tatoueur, suivant simplement le même chemin que lui.

C’est alors que l’homme en face se mit à accélérer sans que Koichi n’en comprenne la raison … Il voulait faire un jeu ? Savoir si Koichi était assez rapide pour le suivre ou devait refaire la même chose que lui ? Dans le doute il accéléra aussi le pas pour ne pas perdre sa trace et ceux pendant quelques minutes. Mais au lieu de continuer ainsi, le tatoué s’arrêta net pour se tourner vers lui. Le plus jeune fit de même, lui montrant qu’il était capable de refaire le jeu du miroir. Mais au lieu de voir un sourire s’affichait sur le visage de l’homme, il arborait une expression blasée, pour ne pas dire irritée … Koichi perdit un peu son sourire, il avait fait une bêtise ? "Euh... Si vous souhaitez des informations sur le Kabuki Vibes, veuillez revenir demain. Au revoir." Ah mais non, il faisait erreur, Koichi voulait juste lui poser des questions sur lui, pas sur la boutique. Peut-être qu’il fallait le suivre encore un peu ? Le jeune patient regarda alors le plus âgé s’éloigner de lui avant de continuer de le suivre, se disant que c’est ça qu’il fallait faire pour pouvoir lui parler. Il n’avait pas la même approche que les gens civilisés, il ne connaissait pas trop cela à dire vrai. Mais Koichi comprit bien vite qu’il commençait à agacer le poursuivit lorsque ce dernier perdit patience. "Bon qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce que tu me veux au juste ?"

Le blond entrouvrit les lèvres ne sachant pas trop par où commencer, il avait tellement de questions qu’il ne savait pas comment s’y prendre. Il ne pouvait pas toutes les poser en même temps, alors autant en choisir une. Mais Koichi sembla prendre beaucoup trop de temps à répondre que le plus grand poursuivit. "Bon je dois y aller... Laisse moi et rentre chez toi..." Termina le tatoueur faisant perdre peu à peu ses couleurs à Koichi qui se disait qu’il ne voulait pas de lui … De plus sa promenade n’était pas vraiment terminée … Puis son seul chez lui n’était pas vraiment très accueillant … Avait-il vraiment un chez lui ? Au départ le blond le laissa s’éloigner en se triturant nerveusement les doigts cherchant la solution dans son esprit. On lui avait toujours dit de ne pas abandonner, cela devait sans doute être la même chose avec les gens ? Ne voulant pas en rester là et devoir rentrer à l’asile sans souvenir de cet après-midi, le garçon décida de le suivre de nouveau cherchant en même temps la question qu’il pourrait lui poser en premier. Mais la réaction surprenante du ténébreux fit rater un battement à son cœur et l’effraya un peu plus. Le brun le plaqua contre un des murs et ses traits affichaient clairement de l’énervement. Cela eut pour effet de ne pas rassurer Koichi et ce dernier arborait maintenant la peur sur son visage. "Ok maintenant tu vas me dire ce que tu me veux ou j'appelle les flics." Koichi tiqua immédiatement au mot "flics" qui signifiait aussi ennuie, souffrance et plus de sortie pendant un mois … Le jeune homme commença à paniquer et inclina la tête à plusieurs reprises.

« Non s’il te plaît, je n’ai rien fait de mal, je suis désolé … » Enchaîna le garçon trépidant d’angoisse face à la situation. « Je voulais juste être gentil, je t’assure que je ne te veux aucun mal … » Tenta de lui expliquer Koichi. Ce dernier resta un instant silencieux avant de lever les yeux en direction de l’homme qui le regardait toujours sévèrement … « Je voulais … Juste te poser des questions mais je ne savais pas vraiment par laquelle commencer … » Il ne s’y prenait pas bien en société, c’était un fait plus qu’évidant, mais s’il savait que cela pouvait le mettre dans le pétrin il réfléchirait posément avant d’aborder les gens avec son grand sourire flippant. Ses yeux se posèrent alors sur sa peau arborant les dessins que Koichi regardait depuis le début. « Comment tu as fait pour mettre l’encre sous ta peau et que ça tienne ? » Eh bien il avait enfin trouvé sa première question … Mais ce n’était pas dit que l’homme en face supporte encore longtemps ces idioties …

Il ne fallait pas à ce que Koichi s’attende à des merveilles dès le premier sourire. Beaucoup le trouvaient tout ce qui a de plus creepy, il ne savait pas vraiment comment agir correctement pour paraître avenant, quand il mettait un pied en dehors de l’asile, nombreuses étaient les personnes qui le fuyaient et ce même s’il souriait. Il voulait faire en sorte de montrer qu’il est gentil, mais il faut dire que lorsqu’on voit son allure on s’imagine tout de suite le pire … Il n’a jamais été très doué dans les relations sociales malgré le fait qu’il soit quelqu’un d’ouvert et de parfaitement adorable … Il ne fallait pas s’étonner qu’un inconnu qu’il s’amuse à suivre soit aussi barbare avec lui. Ce serait quelqu’un d’autre il lui aurait même déjà foutu une droite … Son sourire se détériora jusqu’à disparaître complètement remplaçant son expression si joyeuse en une mine beaucoup plus effrayée et peu rassurée. Koichi se décida à parler en lui expliquant qu’il ne faisait rien de mal et que sa présence était uniquement due au fait qu’il veuille lui parler … On peut dire que le patient avait quelques difficultés pour s’exprimer, mais une fois que c’était fait, il sentit la prise sur ses épaules se relâcher jusqu’à ce que le ténébreux finisse par le laisser.

Pendant quelques secondes les yeux du blond détaillèrent la peau du tatoueur remarquant les dessins à l’encre sous sa peau. Ce n’était pas la première fois que le jeune Japonais voyait cela mais il n’avait pas vraiment eu l’occasion de poser plus de questions sur le sujet. Il rectifia cela en lui posant une question qui sembla surprendre le plus âgé comme s’il avait demandé la chose la plus ridicule de ces dix dernières années. "Je... C'est le principe d'un tatouage... On passe en dessous de la peau à l'aide d'une aiguille..." Un frisson parcourus le corps du plus petit au mot "aiguille", beaucoup de mauvais souvenir associer à ce mot … Koichi ne risquait pas de tenter l’expérience dans ce cas-là. Comment avait-il eu le courage de faire ça ? Il y a parfois des gens qui ont une chance inespérée de ne pas avoir à subir des souffrances et qui les déclenchent seuls, Koichi ne comprendra sans doute jamais ces individus … "C'est juste pour ça que tu m'as suivie ?" L’humain sembla avoir un moment de perdition après sa question cherchant dans sa tête la réponse à cette question. Il eut un visage un peu dans le vague, la bouche entrouverte avant de plonger ses yeux dans ceux du sorcier et de finalement hocher la tête de manière positive.

Il y avait de quoi se taper la tête contre les murs avec celui-là, et les gens n’étaient pas stupides au point de perdre du temps à essayer de communiquer avec lui … "À mon tour de poser une question." Un nouveau hochement de tête signifiant qu’il l’écoutait attentivement cette fois. Koichi ne manqua pas le regard de son interlocuteur vers son bracelet qui se remit à biper de manière continue dans le silence qui s’était formé. Comme s’il pouvait encore sauver les meubles le blond cacha son poignet derrière son dos pour couvrir ce bracelet robotique immonde qui rappelait à tout le monde qu’il était un de ces tarets qui ne fallait pas approcher … S’il avait honte ? Oui … Énormément, il a déjà pensé à essayer de se le retirer pour pouvoir avoir des relations normales mais à part des bleus et des égratignures il n’avait rien gagné de plus … Cela ressemblait plus à une mauvaise parodie de Saw qu’une évasion, pour dire que cela tournait plus vers le drame quand il essayait. "Qu'as-tu fais pour te retrouver là bas ?" Demanda le ténébreux en désignant le bracelet d’un signe de tête. C’est ce que l’on pouvait appeler une question gênante … Que pensait-il qu’il allait lui répondre ? Qu’il avait parfaitement la tête sur les épaules ? Le blond baissa la tête comme si on venait de le réprimander pour une faute grave, mordant sa lèvre sous la pression. Il sentit son cœur poignarder sa poitrine à chaque battement.

« Je … » Commença le plus jeune avant d’oser un regard vers le visage du plus grand. Sans crier gare le blond à pics attrapa le poignet du tatoueur. « Je vous en supplie, ne les appelez pas, je ne veux pas y retourner … » Le supplia-t-il. Il savait qu’il allait devoir rentrer à la fin de la soirée quoi qu’il arrive mais s’il pouvait avoir un peu d’aide et de soutiens, cela lui ferait le plus grand bien … Voyant que son geste était un peu brusque le jeune humain relâcha le poignet d’Isaac inclinant la tête en excuse de son mouvement un peu surprenant. « Désolé … C’est que … Personne ne mérite d’endurer ou de voir ces horreurs, je vous assure … » Il y avait mieux comme hôpital c’est sûr … Mais allait-il vraiment révéler ses secrets à un parfait inconnu qui avait menacé d’appeler la police quelques minutes avant. « Les médecins m’ont diagnostiqué comme étant schizophrène … » Il préférait dire qu’il ne s’agissait que de leur avis car de son point de vue c’était loin d’être le cas. « Ils disent que je vois des choses qui n’existent pas … Mais je sais que c’est bien réel, je les ressens … Mais je vous jure que je ne suis pas dangereux … » Expliqua le plus jeune en serrant le tissu de son sweatshirt. Il secoua la tête négativement comme pour essayer d’effacer tout ce qu’il avait dit. « Je peux poser encore des questions ? » Demanda Koichi en regardant de nouveau le ténébreux voulant absolument changer de sujet. « Ou vous comptez me ramener tout de suite ? » On pouvait voir dans ses yeux la supplication dont il faisait preuve pour rester encore un peu dehors …

Après tout ce qu’avait vécus le blond à l’asile il était parfaitement en mesure de dire que les vrai malades n’étaient pas les patients mais bien les médecins … C’est comme si ce milieu avait été bloqué dans le temps avec ses anciennes techniques barbares tel que les électrochocs ou les piqûres désagréables. Sans parler des médicaments qui leur donnaient. C’est pour cette raison que par moment Koichi ne se sentait pas des plus lucides, il n’était pas à 100% de ses capacités cérébrales et pour cause ces médicaments lui shootaient littéralement le cerveau … Le petit blond observa son interlocuteur et remarqua dans son regard qu’il l’agaçait plus qu’autre chose … Ou du moins il s’attendait à ce qu’il prévienne les flics pour le livrer à l’asile directement … Et si jamais les forces de l’ordre venaient à s’en mêler il pouvait dire adieu à sa liberté … Finis les sorties du samedi et il risquait de ne voir plus que sa chambre ou la salle d’isolement … Sans parler du fait qu’il serait shooter deux fois plus aux médicament pour éviter qu’il ne fasse des crises … Koichi ne voulait en rien cela et se demandait bien quand est-ce qu’on allait le faire sortir de là … Il pourrait atteindre ses quarante ans qu’il serait toujours enfermé là-dedans …

Le blond essaya de défendre sa cause pour convaincre l’autre homme de ne pas le livrer à la police ou à l’asile et lui raconta rapidement son problème. Cependant il avait lui aussi des questions à poser et il ne se priva pas pour le faire. "Je croyais que tu n'avais qu'une seule question." Lorsque Koichi partait d’une question il y en a deux à chaque fois qui venaient s’ajouter et ainsi de suite. Autant dire qu’Isaac n’était pas prêt d’être tiré d’affaire … S’il avait quelque chose de prévus pour la soirée il pouvait l’annuler immédiatement avec ce moulin à parole … "Marchons un peu." Lui proposa Isaac sous les hochements de tête positifs du plus jeune. Même s’il avait réprimé un soupire, l’homme avait accepté en quelque sorte sa compagnie. De toute manière il allait bientôt devoir retourner à l’hôpital, l’heure était déjà assez avancé et le couvre-feu bientôt dépassé … "Je t'écoute. Que veux-tu savoir ?" Lui demanda-t-il avec froideur. Koichi observa plus attentivement le bras du sorcier détaillant ainsi les nombreux dessins à l’encre noir sous sa peau.

« Est-ce que ça fait mal ? » Il avait l’air un peu plus sérieux qu’à l’accoutumé ce qui pouvait presque paraître suspect … Mais pourtant cette question était bien sincère. Il n’avait pas l’intention de s’en faire un mais la douleur en revanche il connaissait. « C’est un peu similaire à de la torture non ? » Le questionna Koichi qui ne comprenait pas vraiment dans quel but les gens se faisaient souffrir de plein gré … « Tu as fait ça tout seul ? » Il ne savait pas vraiment si les tatoueurs avaient le droit de se tatouer seul ou s’il le faisait faire par quelqu’un systématiquement.

Après une petite dizaine de minutes de marche le blond s’arrêta en voyant au loin l’asile. Il ne voulait vraiment pas y retourner … Et pourtant il n’allait pas vraiment en avoir le choix. Il lui restait encore un peu de temps devant lui avant de se présenter à l’accueil et être ainsi reconduit à sa chambre. Il avait l’impression d’être dans une prison … Maintenant qu’il avait rencontré quelqu’un qui avait accepté de lui parler, il allait en profiter pour lui demander des choses qui pourraient peut-être l’apaiser avant d’y retourner et cela ne concernait en rien les tatouages. Il se demandait ce que ça pouvait faire d’être libre comme l’air et comment les gens occupaient leur temps libre. Remplis de curiosité pour quelqu’un qui n’avait appris qu’à travers une fenêtre, le désir de connaître ce monde par lui-même était immense …

« Dis-moi, c’est quoi ton objectif dans la vie ? Est-ce que tu l’as atteint ? » Un changement brutale de conversation mais Koichi avait envie de découvrir le monde par ses propres yeux, d’avoir les réponses à des questions qu’il aurait posé lui-même. « Tu es heureux dans la vie que tu mènes ? » Cela n’était qu’à titre informatif, il voulait écouter son avis et non pas se reporter à sa situation pour une fois … Koichi n’avait pas la moindre idée de l’heure qu’il était mais il était sûr d’une chose, il ne voulait pas y retourner …

La douleur, c’était subjectif après tout. Chacun a souffert au moins une fois dans sa vie, que ce soit physiquement ou moralement. Mais les seuils sont tellement différents, certains croient qu’ils ont affrontés le pire mais il y avait toujours plus intense, toujours plus douloureux … Les tatouages devaient sans doute être à un degré médium. Après les gens qui en possède, l’on un peu cherché … "Pas plus que des griffures de chat. Il est vrai que cela dépend de la zone à tatouer." C’était comme beaucoup de choses, si on se faisait trancher le bras ou le ventre la douleur n’était pas la même. Eh bien le tatouage c’est pareil. Koichi le savait pour avoir reçus assez d’électrochoc dans une vie pour savoir ce que c’est que de souffrir … "En réalité, les personnes qui en font plusieurs savent ce que cela fait et ne le ressentent presque plus. Mais il faut d'abord savoir si on y est sensible ou non." Pourtant lui après avoir reçus des dizaines de chocs il avait toujours aussi mal … Et ce n’est pas à force de pratique que cela passe. Il ne sait pas combien de dizaine, voire de vingtaine de volt il s’est pris en pleine tête mais ça faisait toujours aussi mal à chaque choc … Mais le patient voulait savoir si c’était possible de se tatoué seul, là aussi selon la zone ça ne devait pas être une mince affaire … "Non pas tous. Seulement certains qui m'étaient possible d'atteindre moi même." Le blond hocha la tête d’un air compréhensif avant de détourner le regard vers ce point lumineux rouge dans le ciel, rattaché inévitablement à l’antenne de l’hôpital …

Un lourd silence s’installa alors entre les deux hommes avant que quelques brises légères ne viennent caresser le visage du blond à pics. Il était pensif. Pourtant cela n’avait rien d’une conversation philosophique mais cela le forçait à pousser sa réflexion. "Alooors... Euh. Je m'appelle Isaac, Lee Isaac et toi ?" Le plus grand semblait vouloir rompre ce silence qui pesait maintenant comme du plomb. Koichi ne semblait pas vraiment s’en rendre compte, et même après la question du plus âgé, il ne répondit pas tout de suite, trop intrigué par le bâtiment qui apparaissait peu à peu en face d’eux. Le plus jeune avait même cessé sa marche durant un instant, chose qui pouvait plutôt paraître suspect et même bizarre aux yeux du tatoueur.

« Je … Nishimura Koichi. » Finit-il avant de tourner son regard en direction du brun. « C’est mon nom. » Dit-il finalement en arborant un léger sourire de remerciement. C’était bien la première fois qu’on ne le voyait pas comme un patient avec un numéro ou un code barre écrit sur le front.

Le silence revint à nouveau et le clown rieur devint alors triste. Triste de retourner dans cet endroit insalubre et sombre … Encore une fois … Koichi avait une mine terrassée d’un seul coup, son visage avait changé et il semblait perdre ses couleurs. Le Japonais en vint alors à parler de manière plus sérieuse, tenant des propos plus pénibles. Quand il était dans cet état ça lui arrivait souvent de devenir plus philosophique et moins stupide que quand la joie s’empare de lui. "En fait j'ai réussi à faire ma vie comme je l'ai voulu loin des miens... Mais maintenant que je ne les ai plus à mes côtés je me demande si c'est vraiment ce que je voulais..." Koichi opina de la tête, il comprenait cette sensation d’être loin des siens … Quand on était auprès d’eux on ne réalisait pas vraiment cette chance que l’on avait de les avoir à ses côtés. Et c’est une fois loin et perdu à jamais que l’on voit l’importance de la place qu’ils occupaient dans leur vie … Sa mère lui manquait terriblement. Il n’avait pas de permission pour aller la voir, elle n’habitait pas dans la région et sortir de la ville lui était impossible. Il baissa alors les yeux sur ce bracelet qui bipait encore d’une lueur rouge inquiétante, comme des signales de danger. Avec les coordonnées GPS que possédaient les médecins, ils sauraient tout de suite où il se trouve et il ne sortirait plus jamais de cette salle d’isolement … "Mais tout le monde a un objectif, reste à savoir si c'est vraiment ce que l'on souhaite. Selon moi que ce but soit ou non réalisé il y aura toujours quelqu'un ou quelque chose qui menacera tes plans. Il faut sans cesse se battre pour ce qu'on veut ou garder ce qu'on a."

« Et dans le cas où on a rien ? » Demanda alors le patient de l’hôpital, curieux. C’est vrai tout le monde avait quelque chose à perdre, mais lui n’avait plus rien, il ne pourrait pas tomber plus bas. Même sa liberté il l’avait perdu … « Quand il ne nous reste plus que l’angoisse, peut-on vraiment s’y accrocher pour la garder ? » Les seuls choses qu’il pouvait perdre étaient mauvaises, ce serait au contraire tant mieux s’il pouvait ne plus les avoir.

Koichi voulait savoir si en dehors de ces murs où règnent la peine et la douleur il y avait des personnes qui étaient heureuses de leur vie. Isaac était la personne parfaite à qui poser la question. Tant qu’il avait encore un peu de temps il voulait en profiter pour lui demander. "Y a mieux bien sûr, mais y a pire aussi. Alors je m'estime heureux oui." Il y avait toujours pire, c’est une certitude. Koichi savait qu’il n’était pas le plus malheureux. Il a vu la misère en face, il l’a regardé dans les yeux tout au long de sa vie. Les rencontres qu’il a faites et qu’il a perdus, les personnes qui n’avaient aucune chance de s’en sortir un jour. Lui qui espérait ne pas être de ceux-là, peut-être que cela faisait un moment qu’il avait sombré, et que personne ne pourrait le sauver. "Et toi ? Tu as forcément un objectif ou au moins un rêve pour me poser cette question n'est-ce pas ?" Est-ce qu’avoir une vie normale est un objectif ? Sortir de l’asile en était un mais ce n’était pas vraiment quelque chose qu’il pouvait décider … Les médecins lui avait souvent fait miroité sa sortie définitive pendant des années. Lui disant que s’il se calmait et que ses crises et autres cauchemars cessait il pourrait partir … Mais son démon intérieur ne le lâchait pas … Il était agripper à lui comme une entité malfaisante … Le blond à pics baissa un peu la tête, l’air pensif.

« Sans doute. » Il ne savait pas s’il pouvait appeler ça un rêve mais il en avait la certitude, il ne voulait plus rester dans cette endroit. « Je crois oui … Je veux changer de vie … » Lui avoua alors Koichi en regardant en direction du centre hospitalier. « Mon rêve c’est de pouvoir être libre de faire ce que je souhaite. Ne plus avoir ces chaînes qui m’entravent. » Le jeune homme releva le bras portant toujours ce bracelet métallique. « Mais parfois il y a des rêves impossible ou que l’on ne peut pas vraiment réaliser, même si on se démène de toutes ses forces pas vrai ? Pas tout n’est accessible car nous ne sommes pas maîtres de cette décision. C’est frustrant … » Le blond à pic sourit un peu de manière ironique avant de rire. « Mais bon il y a toujours pire c’est vrai, la mort par exemple. » Il essayait de trouver quelque chose de positif, mais même la mort serait un doux répit par rapport à l’enfer qu’il vit. « Parfois je veux juste qu’un genre de génie ou un ange vienne me voir me dire, "donne-moi ton plus grand souhait, et je le réaliserais". » Le plus jeune sourit un peu en regardant le sol. Il préférait se berçait d’illusion car il n’y avait que dans ses pensées qu’il s’y sentait bien et en sécurité …